Le 10 octobre 1623, le Conseil de Ville crée, à Toulon, un Collège dans lequel serait prodigué un enseignement, depuis l’abécédaire jusqu’à la philosophie. La direction du Collège fût confiée aux Oratoriens. Le Collège de l’Oratoire fût très apprécié et eut un développement rapide. La révolution française décida de fermer tous les établissements religieux. Cependant, le collège continua de fonctionner et les oratoriens furent autorisés à y enseigner. Après l’insurrection toulonnaise de 1793, la Convention Nationale supprime tous les Collèges, le Collège de Toulon est supprimé et remplacé par une Ecole Centrale qui ne fonctionna que pendant 6 ans. Le 3 décembre 1802 le Préfet du Var crée le Collège Secondaire qui ouvrit ses portes, le 24 décembre 1803 et fonctionna avec le même personnel que celui de l’Ecole Centrale. Le 18 août 1860, le Collège de Toulon est érigé en Lycée et de 1863 à 1865, le Lycée formera 112 bacheliers, 14 élèves seront reçus à l’Ecole Navale et 6 à l’Ecole de Saint-Cyr. Ce qui manquait le plus pour construire un Lycée, c’était l’emplacement sur lequel on pourrait édifier les bâtiments nécessaires. Un événement capital fût la visite, à Toulon, du Président de la République, le Prince Louis Napoléon, le 27 septembre 1852. Monsieur Arnaud, le Maire de Toulon, à cette époque, remit au Prince Président une demande officielle dans laquelle il précisait : « nous n’avons ni Lycée, ni Bibliothèque, ni Théâtre. » Et, le lendemain, le Président de la République, signa, à Toulon, un décret pour que l’enceinte fortifiée de la Ville de Toulon soit, immédiatement, agrandie. Par le Décret Impérial du 24 août 1861 le Collège de Toulon est déclaré Impérial. Il fut décidé de construire un boulevard de 25 mètres de large qui prit le nom de Boulevard Louis Napoléon en bordure duquel serait érigé le Lycée. L’ouverture du Lycée Impérial eut lieu le 15 octobre 1867. Toutes les classes depuis la classe enfantine jusqu’à celles de Philosophie et de Mathématiques élémentaires, ainsi que celles préparant aux Grandes Ecoles sont installées dans les quatre grands bâtiments qui existent toujours, avec deux grandes cours, plus une cour d’Honneur. L’effectif du Lycée est alors de 700 élèves dont 150 pensionnaires. En 1870, le Lycée n’est plus Impérial, et le Boulevard Louis Napoléon est rebaptisé : Boulevard de Strasbourg, mais pendant 85 ans, malgré deux guerres et les bombardements, il va conserver sa structure primitive. Après 1867, un certain nombre d’élèves, parmi lesquels nombre d’entre eux se sont éloignés de Toulon, le plus souvent pour des raisons professionnelles, pensent qu’il leur serait agréable, et pourquoi pas utile, de se regrouper dans une association. De passage à Toulon, ils viennent saluer leurs anciens professeurs, auxquels ils font part de cette idée. En 1875, est créée l’ « A », l’Association des Anciens Elèves du Lycée, les membres fondateurs sont : plusieurs professeurs, dont Jean Aicard de l’Académie Française, des membres de l’Académie du Var, notamment, Monsieur Richard qui sera le premier Président de l ‘ « A » et d’autres anciens élèves, comme Victor Brémond, qui sera député du Var et Président, à deux reprises. Ils décidèrent de créer une association d’anciens élèves destinée à : conserver, malgré l’usure du temps, l’éloignement, et les différences de réussite sociale, des liens uniques et privilégiés nés au fil des années scolaires. préserver les valeurs essentielles qui leur avaient été données. assurer une continuité amicale et fraternelle, entre les générations successives de lycéens. Le premier Président de l’ « A », fût Monsieur Richard, polytechnicien et Président de l’Académie du Var. Le Président Blond mena à bien un projet visant à la construction d’un siège social. Ce projet revêtit l’aspect d’un pavillon de style « Belle Epoque », qui fût inauguré en 1911, à l’angle de la rue Fougassière et de la rue Lafayette. Une vaste salle, au premier étage, permettait l’organisation de sérieuses conférences mais, aussi, de joyeuses et élégantes soirées mondaines. Pendant la guerre, le Lycée avait été occupé, en totalité, c’était un Hôpital Militaire. Un monument aux morts est édifié, dans la cour d’Honneur du Lycée, à l’initiative de l’Association des anciens élèves du Lycée. Il est inauguré, le 12 juin 1921, au cours d’une cérémonie exceptionnelle à laquelle participent toutes les personnalités civiles, militaires et religieuses du Var, qui sont accueillies par les membres du Bureau de l’ « A » et le Proviseur. Une liste de 222 élèves et de deux professeurs, figure sur le monument. Monsieur Gabriel Blond, Président de l’ « A. », prononça, ce jour là, une allocution et c’est une tradition qui s’est poursuivie jusqu’à nos jours. C’est en 1923 que le Lycée accueille, pour la première fois, des jeunes filles en mathématiques élémentaires et en philosophie. La population toulonnaise est alors de 106 000 habitants. La ville de Toulon sera bombardée, à plusieurs reprises, et le Lycée sera touché en 1943, et plus gravement, encore, le 4 février 1944. Des dégâts importants sont constatés. Le local de l’ « A », l’Association des anciens du Lycée est détruit et avec lui s’envolèrent bon nombre de souvenirs. En 1945, le Lycée ouvre, à nouveau, ses portes, Boulevard de Strasbourg, et en 1946, est nommé un nouveau Proviseur, Monsieur Nougué qui restera, en poste, durant 25 ans et assurera la transition vers le nouveau Lycée. Comme le dit Monsieur Nougué, il n’était pas rare, à cette époque, qu’un élève puisse faire une longue carrière, au Lycée, depuis la onzième, ou même le jardin d’enfants, jusqu’aux classes de Saint Cyr ou de Navale, comme le Président Pierre Duthion. C’est au Président Victor Brémond que l’on doit la reconstruction du siège de l’ « A», sur l’emplacement primitif. Ce local, dont nous disposons, actuellement, n’a pas l’importance ni le standing de l’ancien, mais il permet aux membres de l’association de se réunir pour écouter une conférence, partager un modeste repas ou, simplement, boire un pot, en évoquant les souvenirs d’un passé qui devient de plus en plus lointain, pour certains d’entre nous. A partir de 1946, un nouvel établissement est mis en chantier, à la Rode, avenue De Lattre de Tassigny. En avril 1952, une partie des nouveaux bâtiments ouvre ses portes et le vieux Lycée émigrera petit à petit, vers le nouveau, plus vaste et plus moderne. Par un arrêté ministériel du 11 juin 1955, il porte le nom de Lycée Dumont d’ Urville. Le vieux Lycée est conservé, comme annexe, et prend le nom de Lycée Peiresc. Le 15 septembre 1961, le vieux Lycée retrouve son autonomie, l’effectif des deux Lycées atteint 2600 élèves et 127 professeurs y enseignent. A partir de 1973, le vieux Lycée Peiresc est transformé en Collège d’ Enseignement Secondaire et prend le nom de Collège Peiresc. Seul le Lycée de la Rode conserve le nom de Dumont d’Urville. En 1975, l’ « A », a fêté, dignement le centenaire de sa création, avec la venue à Toulon, d’un grand ancien élève, je veux parler de Jean Le Poulain, sociétaire de la Comédie Française. En 1977, sous la Présidence de mon condisciple Pierre Duthion, on pensa à associer une activité culturelle à l’activité, purement gastronomique. L’ « A » patronnait, aussi, une exposition de peintures, qui avait un grand succès. L’exposition de 1982, par exemple, rassembla, dans la salle Olive Tamari du Collège Peiresc, 118 tableaux et 5 panneaux. Le 1er juin 1990, eut lieu l’inauguration du nouveau siège de l’ « A », rue Fougassière. Comme le disait Monsieur Airaudi, encore Proviseur du Lycée Dumont d’Urville, en 1987 : « Pour qu’une Association soit vivante, il lui faut, bien sûr, intégrer les valeurs du passé mais aussi celles du présent qui exaltent les jeunes générations et même la prospective de demain ; le passéisme nostalgique n’étant pas, en soi, un facteur de développement et de dynamisme. » Saint Charlemagne est le patron de tous les « escholiers ». Le culte de Charlemagne est célébré, dans tous les Lycées et Collèges. Il est officiel, dans le diocèse d’Aix la Chapelle, depuis la canonisation de l’Empereur, en 1165, par l’antipape Pascal IV. Aux environs du 28 janvier, chaque année, nous fêtons la Saint Charlemagne, en organisant un banquet où la bonne humeur et la bonne chère se côtoient. Les anciens du « vieux bahut » se font de plus en plus rares, en raison de l’érosion naturelle. Ce sont bien sûr les anciens de Dumont d’Urville qui doivent assurer la relève. Ceux des autres lycées qui ont été créés dans l’aire toulonnaise, aussi, car l’union sera de plus en plus nécessaire, dans l’avenir devant les difficultés budgétaires des Associations, en général. Non, l’ « A » de Toulon n’est pas morte et a confiance dans son destin d’agent de liaison entre tous les lycéens et collégiens du monde. Georges Marblé, Président Honoraire.